J’ai cru que je ne ressentais rien.

Tous mes textes parlent des montagnes russes que me font vivre mes émotions, mais l’espace d’un instant, j’ai cru que j’étais apathique. Tout cela parce que je ne me suis pas emballée à la suite d’un rendez-vous.

Je suis restée sereine, et cela m’a perturbée. Je n’ai pas compris ce qui se passait, ou plutôt ne se passait pas. Pourtant, tout s’est déroulé de manière fluide, sans encombre, on ne peut plus normalement. C’est peut-être cela qui ne me convient pas. Je n’ai pas ressenti d’aversion ni d’attirance extrême, ce que j’associe à l’absence de toute émotion.

J’ai juste passé un bon moment.

Rien de plus ni de moins.

J’ai juste profité de l’instant, que j’avais appréhendé mais à la suite duquel je ne me suis pas projetée. Or, je crois que j’ai besoin de cela, de voir plus loin, de me projeter dans la suite, de vouloir la vivre presque immédiatement. Je ne veux pas de temps morts. Je ne veux pas y aller pas à pas, petit à petit. Je ne crois pas que l’intérêt puisse naître progressivement. Je crois qu’il est instantané ou voué à ne jamais exister.

On ne peut pas plaire à tout le monde, et vice versa. Mais j’aurais aimé qu’il me plaise. Mon dernier rendez-vous n’avait déjà pas été fructueux, j’aurais aimé que celui-ci le soit davantage, même si je ne m’attendais à rien de spectaculaire. J’aurais aimé être surprise, prise au dépourvu de manière agréable. J’aurais aimé me tromper alors que je pensais qu’il ne se passerait rien.

Rien de plus qu’un bon moment.

N’est-ce pas suffisant ? Que me manque-t-il pour me sentir comblée ? Une certaine intensité.

J’ai besoin d’être débordée par ce que je ressens, dépassée, submergée par ce que l’autre m’évoque, provoque en moi, me fait vivre.
J’ai besoin de perdre le contrôle, de me mettre dans des états que je ne maîtrise pas, sur lesquels je n’ai aucune emprise.
J’ai besoin de perdre la tête, de ne plus pouvoir réfléchir, de ne plus savoir comment je m’appelle, ni ce qui m’arrive, pour être satisfaite.