Si mes jambes ressemblaient à ce que je vois quand mes yeux me regardent, je serais heureuse. Satisfaite, je crois.
Autrefois, quand je passais devant un miroir, je pensais : c’est à ça que j’aimerais ressembler. Je donnerais n’importe quoi pour être comme ça. Comme elle. Comme moi. C’était à s’en taper la tête contre les murs. C’était à ne plus savoir quoi penser, quoi faire, comment continuer sur le chemin emprunté depuis plus de dix ans. La voie sur laquelle je semble ancrée, indéboulonnable tant elle m’est familière.
Aujourd’hui, je ne suis toujours pas sortie de la galère des TCA et de la dysmorphie. Mais j’ai changé. Tout a changé.
Chez moi, je n’ai plus de miroirs. Par un heureux hasard. Et parce que, je dois l’avouer, je ne supporte plus du tout de me regarder. Et pourtant, quand il m’arrive de poser les yeux sur telle ou telle partie de mon corps déformé, je ne comprends toujours pas ce qui a pu se passer. Comment j’ai pu faire pour en arriver là.
Cela fait des années que je ne me reconnais plus. J’en viens même à douter d’avoir un jour été en phase avec l’image que me renvoie mon corps.
Ce que je vois, ce n’est pas moi.
Qui est-ce alors ?
Selon que je sois debout, assise, allongée, sur le dos, sur le côté, nue ou habillée, je ne ressemble jamais à la même personne.
Je ne me ressemble pas.
Cette enveloppe, ce n’est pas moi.
Pourquoi alors la laisse-je me définir, décider de mon humeur, déterminer la valeur que je m’accorde (ou pas) ?
Pourquoi cette image m’affecte-t-elle autant si je ne la fais pas mienne, si j’estime que ce n’est pas moi dedans ?
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