Je n’ose plus montrer mon corps devenu trop massif à mon goût.
Je n’ose plus ôter mon manteau quand j’ai chaud.
Et si on me voyait ? Et si on apercevait ce que cachent mes vêtements ? Et si, à force de me traiter de monstre, j’en étais devenu un ? Et si mon armure dissimulait un attribut qui ne soit pas humain ? Des tentacules ? Et si je devenais la sorcière des mers : la méchante, la vilaine de l’histoire ? Celle dont on a choisi de représenter la cruauté par un physique gros, disons-le. Comme celui dans lequel je vis.
Et si, aux yeux des gens, j’étais la créature immonde que je crois être ? Et si je ne rêvais pas ? Et si mon imagination n’extrapolait rien ? Et si je lui ressemblais bien ? Tant physiquement qu’intérieurement. Et s’il n’y avait aucune bonté en moi ? Ou du moins si enfouie qu’on ne l’apercevait plus ? Et si mes pensées, ma façon de me parler, de me juger, de me critiquer m’avaient transformée en ce que je redoute ? Et si tout cela transparaissait sur mon visage, que je ne peux hélas pas masquer comme le reste ? Et si on pouvait voir que je me déteste ? Que penserait-on de moi ? Peut-on réellement m’aimer alors que je ne m’aime pas ?
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