Aujourd’hui, rien ne va. Quelques heures de répit au réveil tout au plus. Puis plus rien, le vide qui revient accompagné de mauvaises habitudes, si vieilles que je croyais qu’elles avaient disparu. Seule, je ne contrôle rien. Je suis le jouet de mes démons et des fantômes qui hantent mon esprit. Je suis à leur merci. 

Le temps n’efface rien. Ni le manque ni la frustration, que je ne tolère pas plus aujourd’hui qu’il y a trente ans. 

J’aimerais que tout aille comme je veux, que la vie soit clémente, un peu plus indulgente. Moi-même, je ne le suis pas. J’aimerais que tout soit parfait, ni plus ni moins. J’aimerais cesser de me heurter aux contrariétés dont est pavé mon chemin. J’aimerais un peu de joie au milieu des épreuves dont je ne vois pas le bout, un peu de lumière pour égayer le brouillard qui m’enveloppe, me suit partout où je vais. J’aimerais un peu de paix, de tranquillité, de bonnes nouvelles et de compagnie. J’aimerais être entourée, ne plus me sentir démunie ni flancher au moindre caillou dans ma chaussure, au moindre grain de sable dans l’engrenage.

J’aimerais être plus forte, plus stable, plus sage.

Aujourd’hui, rien ne va. Le manque, la frustration sont les seules émotions dont je suis capable. Elles prennent toute la place. La place des abstent•es, des fantômes pourtant bien vivant•es. Des disparu•es. Des naufragé•es. Echoué•es sur la grève de mon passé. 

La nostalgie me permet de voyager dans le temps, toujours dans le même sens, toujours plus loin à mesure que le présent continue de défiler.

Je revis tout ce qui fait mal. Peu importe depuis quand c’est fini. Je n’avance pas, je me maintiens, je survis parmi mes souvenirs qui cherchent à m’engloutir.