Du sucre au café



Tous les matins, je me hâte de préparer ma boisson préférée.
La boisson que je croyais réservée aux grand•es, la boisson de mes parents. Celle que l’on se sert à la fin des repas, quand on a fini de débarrasser la table, devant laquelle on s’installe en lisant le journal.
“Tu veux du café ?”
Sempiternelle question qui appelle l’éternelle réponse : “Oui, vieille !”
Suis-je devenue vieille, moi aussi ? Ou en train de le devenir ?
J’ai quelques cheveux blancs depuis quelques années. “T’en fais pas, moi j’en ai eu à vingt ans !”
Moi, je n’ai plus vingt ans. Depuis dix ans déjà. Et bientôt, je n’aurai même plus trente ans.
“T’en fais pas, la vingtaine, c’est dur, mais trente ans, c’est le plus bel âge.”
Vraiment ?
Je ne vais pas médire, c’est vrai que c’est pas mal pour l’instant. Je suis bien installée, presque heureuse, et en cours de stabilisation. N’est-ce pas merveilleux ? Loin de moi l’idée de m’en plaindre. Je crois que j’ai tout ce que je veux. Un foyer, du calme et du soutien. Je ne veux rien de plus. “Rien que l’essentiel”, j’ai dit. De toute façon, j’ai déjà tout.
“Il ne te manque que la misère !” Et je m’en passe bien.
J’ai de la chance, beaucoup de chance. Je fais ce que j’aime, et souvent, je ne fais rien. Rien qui ne me soit imposé. Je n’ai de contraintes que celles que je veux bien suivre. Et si je ne les suis pas, personne ne m’en voudra, sauf moi…
Ainsi, tous les matins, j’ai la chance de me hâter de préparer ma boisson préférée, si chaude et sirupeuse que ce n’est plus du café sucré mais du sucre au café.

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