Aujourd’hui, je me suis découverte en tant que lectrice.

J’ai redécouvert un bout de ma vie.

J’ai souri, j’ai pleuré. Je ne me suis pas toujours comprise mais je me suis souvenue de ce que j’avais vécu et je me suis aussi dit que c’était bien écrit.

Pendant trois ans, je n’ai pas pu toucher ce livre.

Le jour où je l’ai reçu reste l’un des plus forts en émotion de ma vie, mais quasiment instantanément après l’accomplissement de ce projet, je l’ai enfoui.

J’étais fière, au début, fière de l’avoir écrit, mais je ne pouvais pas le toucher et encore moins en parler. Je ne pouvais même plus l’ouvrir. Je ne pouvais plus me lire. Je le connaissais par cœur. J’en étais écœurée. J’avais aussi et surtout peur de la réaction des gens. Et avec le temps, j’ai de nouveau eu honte.

Honte d’avoir vécu ainsi.

Honte de l’avoir décrit sur deux cents pages.

Honte de ce que j’étais et que je suis toujours.

Je voulais qu’on me lise et qu’on lise surtout les autres témoignages, mais je n’assumais pas. Je voulais qu’on me lise mais qu’on ne me voie pas.

Pourtant, j’ai choisi mon nom pour porter ce projet, mais je ne l’assumais pas suffisamment pour en parler de vive voix et diffuser ces récits aussi largement qu’ils méritaient de l’être.

Je continue d’apprendre à ne plus avoir honte. Et c’est déjà une victoire d’avoir réussi à reprendre cette lecture sans me dénigrer.

Oui, je l’ai vécu.

Oui, je l’ai écrit.

Et non, ça ne brûle pas les yeux, même les miens.

Ça les rend un peu humides, si on est sensible, mais aujourd’hui, ça va mieux. J’ai le recul et la confiance nécessaires pour le porter comme il se doit et le rendre à nouveau accessible sans me cacher.

Aujourd’hui, je peux me montrer.

Aujourd’hui, je peux en parler.

Aujourd’hui, je peux assumer.

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