Les mots me sont précieux, surtout quand ils sont beaux, quand je les fais danser au rythme de mon cœur, quand ils semblent imiter chacun de ses battements.
J’aime les arranger proprement, joliment, quitte à les éloigner de la réalité. De ne plus distinguer le vécu du narré, le ressenti du récit. Tout en me reflétant, tout en capturant l’instant où je les ai écrits.

Une fois déposés, ils sont des bouts de moi. Ils sont des bouts de maux dont la seule intention est de s’être exprimés.
Ils ne cherchent pas d’écho, pas de destinataire, pas de réponse ni de question pour les rendre plus clairs.

Ils se lâchent.
Ils explosent.
Et moi, je me contente de les laisser faire.
Je les libère.
Je m’en libère.
Je libère ce qu’ils contiennent.
Je libère ceux qu’ils concernent.

Je les dépose et j’avance.
Je passe à autre chose bien qu’ils m’appartiennent.

Grace à eux, je m’expose autant que je me cache. Je m’impose autant que je me soustrais aux regards que je sollicite.
Je n’ai pas d’autre but que de me faire entendre sans livrer de clé pour pouvoir me comprendre.
Noyée dans mon ego, quand il se fait étau, je cherche une bouffée d’air en expiant le mal, en expirant sans bruit les tourments de mon esprit.