Je repousse, je repousse, et je finis par me dire qu’il n’arrivera jamais, le moment où je donnerai au monde l’occasion de me lire, de se faire un avis sur ce que j’écris, sur ce que je suis. Car mes mots, c’est moi. C’est ce que je ressens. Mes émotions sont mon identité. C’est l’idée que je m’en fais.
Devrais-je me détacher de votre opinion ? Vous qui n’avez sans doute aucun intérêt à suivre mes projets ? Je ne peux pas, elle m’importe. J’écris pour moi mais pas seulement. Douze ans que j’essaie de me montrer, de résister à l’envie de me cacher.
Au début, j’étais fière. J’étais motivée.
Une partie de moi l’est toujours. Mais une autre, bien plus grande, est terrifiée, pétrifiée par ce qui pourrait arriver de pire : rien. Rien ne changera. Je le sais. J’aurai fait tout ça pour rien et je m’en veux de penser de cette manière parce que ce n’est pas vrai, parce que c’est me fourvoyer que de faire ça pour plaire.
L’énergie que j’investis, c’est déjà une victoire. La plus grande de toutes. C’est synonyme de vie, d’un élan qui me porte au-delà de l’inertie dans laquelle j’ai si facilement tendance à replonger.
C’est la vie qui reprend ses droits, qui me fait croire que j’ai quelque chose à faire ici, et peut-être même quelque chose de bien. Quelque chose qui ne se résume pas à rien.
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