La peur rythme ma vie. C’est elle qui choisit mes défis, mes sorties. C’est elle qui dicte ma ligne de conduite. C’est elle qui me freine, me retient, me gêne dans ce que je suis en mesure d’entreprendre. C’est elle qui m’ordonne de tout arrêter quand elle décèle un risque, un obstacle, un danger.
On me conseille d’outrepasser l’autorité qu’elle tente d’imposer, de ne pas l’écouter, de m’exposer à ce dont elle veut me priver.
On m’affirme qu’avec de la persévérance, la peur disparaîtra.
Je n’y crois pas.
Depuis trois ans, je m’efforce de la combattre, de faire ce qui est en mon pouvoir pour la vaincre, sans résultat.
Chaque jour, elle ajoute des pierres à l’enceinte qu’elle dresse entre le monde et moi. Chaque jour, elle tente de me persuader qu’elle œuvre pour mon bien, qu’elle agit uniquement pour me protéger. Et cela fonctionne, je me sens en sécurité là où je suis, dans le confort dont j’ai tant de mal à m’extraire, dans l’enclos dont je suis devenue prisonnière.
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